Un budget primitif 2025 qui a fait parler et écrire.

Le 19 décembre 2024 lors de la session budgétaire j’ai eu l’honneur de présenter le projet de budget pour 2025. Ce budget préparé dans un contexte très particulier et très contraint prévoit des économies de fonctionnement importantes (100 millions d’euros) et des investissements en hausse. Comme ce budget a fait beaucoup parler et écrire, y compris des mensonges flagrants, la lecture de mon exposé introductif permet de rappeler la vérité des chiffres.

INTERVENTION BUDGET PRIMITIF 2025 – Session 19 décembre 2024

Laurent DEJOIE  

Le budget primitif pour 2025 s’est préparé dans un cadre assez particulier.

La situation politique est incroyablement instable.

La situation financière est gravement préoccupante.

La situation économique est extrêmement inquiétante.

En toile de fond, la décentralisation s’essouffle, et après des mouvements législatifs non contrôlés, on ne sait plus qui fait quoi, pendant que l’état recentralise les recettes et décentralise les charges.

Dans un tel contexte, on peut se laisser balloter par tous ces mouvements, les subir et se contenter de les dénoncer.

On peut aussi comme cela arrive dans l’histoire reprendre la main et se fixer un cap pour l’avenir de la région de ses habitants.

Le budget devient donc une arme de construction de l’avenir pour lutter contre les effets des crises financières, économiques ou politiques.

C’est le sens profond de ce budget que la Présidente a demandé de préparer et qu’au nom de la majorité je vous présente.

Pour préparer un budget, on commence à se préoccuper des recettes. Et parce que les crises ne sont pas que des concepts, on constate qu’elles baissent notamment la plus importante d’entre elles : la TVA.

1 –

La TVA qui sera perçue en 2024 sera de 40 millions inférieure à celle prévue au BP 2024. Nous avions déjà enregistré une partie de la baisse au BS en juin dernier.

Logiquement nous inscrirons au BP 2025 cette perte puisque la croissance est clairement en berne.

2 –

Le PLF 2025 a été préparé par le gouvernement BARNIER mais n’est pas voté à ce jour. Prenant en compte la crise financière et la dette abyssale de la France, il prévoyait des prélèvements sur les collectivités territoriales, notamment les régions.

Pour les Pays de la Loire, le cout, constitué de pertes de recettes et de charges supplémentaires est de 38,8 millions d’euros.

Le total est donc de près de 80 millions d’euros, 78,8 millions d’euros exactement.

A en croire certains, ce chiffre est sorti de l’imagination de la Présidente de Région, soucieuse « d’assouvir un caprice de 60 millions d’euros ».

Je ne m’attarderai pas sur le caractère machiste d’une telle accusation !

Si ces chiffres étaient inventés, ce qui pourrait apparaître surprenant dans la seule région métropolitaine dont les comptes sont certifiés, le CESER, dont je salue la Présidente, ne tarderait pas à le découvrir en rendant son avis sur notre budget primitif.

Hélas pour nos contempteurs, le CESER trouve lui aussi près de 80 millions de pertes en additionnant comme nous la conjoncture et le PLF 2025. Exactement 73,3 millions. L’écart avec nous vient d’une appréciation différente sur la DCTP et le FCTVA.

C’est bien d’abord sur ce chiffre essentiel de perte de recettes, qui peut d’ailleurs augmenter, que se fonde la décision politique de faire des économies et de ce concentrer sur nos compétences exclusives.

Et en aucun cas sur de prétendues difficultés financières de la région d’ailleurs démenties par l’agence de notation Standard and Poors qui vient de maintenir la note la plus élevée à notre région il y a quelques jours.

Une fois le constat des pertes fiscales étant partagé et incontestable, on peut discuter et c’est légitime des choix politiques et de la stratégie financière de la région. La majorité régionale les assume.

Je suis impatient d’écouter les autres options qui s’ouvraient à nous.

Faut-il emprunter plus au risque de faire déraper la capacité de désendettement au-delà de 12 années, et voire plus.

Et ainsi augmenter une dette déjà substantielle ? Et le faire aujourd’hui avec des taux encore élevés ? Alors que l’essentiel de notre dette actuelle est à des taux fixes et bas.

Faut-il investir moins et supprimer 100 millions d’investissement ? Faire moins de travaux énergétiques dans nos lycées ? Abandonner les projets de nouveaux lycées ? Faut-il fermer des lignes de transports routiers ou ferroviaires ? Et donc réduire l’emploi qui doit beaucoup, on le sait, à l’investissement public ?

Faut-il dans le pays le plus imposé d’Europe utiliser le seul levier fiscal de la région en augmentant les cartes grises ce qui pénaliserait encore ceux qui n’ont pas d’autres choix que la voiture ?

Notre stratégie est de faire un plan d’économies structurelles.

Exactement 101,2 millions d’euros. 82 millions en 2025 et 19 millions sur 2026,2027 et 2028.

Ce décalage permet à certains acteurs plus touchés de pouvoir s’organiser.

Ce délai intègre aussi les économies engendrées par la réduction sur trois années de 100 postes au tableau des effectifs de la région par rapport à celui actuellement en vigueur. Cette réduction uniquement par départs volontaires sera accompagnée de manière très forte par les ressources humaines de la région. La direction générale et moi-même nous impliqueront fortement.

Ce plan d’économies qui ramène les dépenses réelles de fonctionnement à 1,195 millions d’euros permet de dégager une épargne brute de 224 millions d’euros et une capacité de désendettement de 8,8 années au CFU 2025.

Mais surtout, et c’est aussi un objectif politique essentiel, de maintenir un haut niveau d’investissement à 517 millions d’euros en 2025 et jusqu’à là fin du mandat.

C’est 10 millions de plus que l’an passé mais c’est surtout 67 millions de plus par an que les années précédant la crise sanitaire ou nous étions à 450 millions.

Ce choix de l’investissement est bon pour l’économie et l’emploi.

Compte tenu de nos compétences : lycées et mobilités il est bon pour la transition écologique et la jeunesse sans oublier l’aménagement du territoire.

Il est une autre raison qui commande le choix de l’investissement (même si d’autres collectivités en général de gauche ne le font pas).

C’est que souvent nous sommes les seuls à pouvoir le faire.

Qui d’autre que nous peut mettre 61 millions d’euros (aux côtés de l’état et la métropole) dans le QHU et porter l’ensemble du projet en matière de travaux et procédures ?

Qui peut mettre 4 millions d’euros dans le centre culturel à LAVAL, 2,4 millions d’euros dans la piscine olympique de Rezé, 1,5 millions dans la piscine de CARQUEFOU ?

461000 euros dans le Grand T, 500000 € dans le Musée de Fontenay le Comte, 1,5 millions d’€ pour le siège de la Ligue de football ?

Si avec cela nous sommes les fossoyeurs de la culture, je n’y comprends rien….

Mes collègues Présidents de commission donneront sûrement  de nombreux exemples dans beaucoup de domaines.

Lorsque l’on supprime quelques milliers d’euros sur 100 ou 200000€ pour une manifestation, il est plus simple de trouver une alternative que s’il faut chercher des centaines de milliers d’euros voire des millions pour un investissement.

Le rôle stratégique de notre institution impose de conserver voire d’augmenter l’investissement.

Certains disent que supprimer ou différer tel ou tel investissement est préférable car c’est indolore ; ça ne se voit pas. Un tel raisonnement n’est pas sérieux et quelle responsabilité face aux générations qui suivent.

Enfin, les économies réalisées concernent de nombreux domaines et pas seulement la culture qui entre autres qualités a celle de se faire entendre.

Elles concernent aussi le fonctionnement de la région ; on le voit dans les rapports de la commission des finances notamment celui intitulé des ressources sobres pour une action efficace.

D’une manière générale, il est important pour une collectivité comme la nôtre d’être efficiente, c’est-à-dire d’optimiser ses ressources et de rationaliser ses dépenses.

Notre action en matière européenne est un exemple.

La fermeture programmée de notre bureau à Bruxelles, même s’il s’y accomplissait des choses intéressantes, va nous permettre à partir du siège de la région et en lien avec l’ensemble de nos directions d’être encore meilleur dans la recherche de fonds européens pour nous même et pour les acteurs ligériens le tout en lien encore plus fort avec nos compétences et nos priorités. Les progrès accomplis par la région ces deux ou trois dernières années dans la gestion des fonds structurels démontrent la capacité de nos agents à le faire.

On nous fait le reproche de vouloir abimer le service public. Au contraire, notre objectif c’est de le rendre encore meilleur pour l’avenir des Pays de la Loire et nous savons pouvoir compter pour cela sur une administration performante et investie.

Vous présenter ce budget est pour moi une fierté.

Parce qu’il prépare avec ambition l’avenir tout en participant à l’effort budgétaire national absolument indispensable si on ne veut pas voir le pays s’affaisser et notre région avec.

Je vous remercie.

 

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Auteur/autrice : Laurent DEJOIE

Laurent DEJOIE Notaire Président de l'Association du Notariat Francophone Vice-président du Conseil Régional des Pays de la Loire

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