Ce matin, à VERTOU, j’ai assisté à une très belle cérémonie de commémoration du 11 novembre. Inscrite dans le centenaire de la grande Guerre, en présence d’une foule nombreuse, des jeunes ont égrené le nom des 52 vertaviens morts à la guerre en 1915.Le plus jeune avait 18 ans….
Le Maire, Rodolphe AMAILLAND a prononcé un très beau discours que vous trouverez ci-dessous en cliquant sur « Lire la Suite ».
Monsieur le Maire Honoraire et Conseiller régional,
Général Jacquement,
Messieurs les représentants des corps constitués,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Association,
Messieurs les anciens combattants,
Mesdames et Messieurs,
J’ai souhaité commencer mon propos par une lettre qui en dit plus que de longs discours.
Je ne peux pas m’empêcher de te dire que je suis dans une très mauvaise position, je souffre le martyr, j’avais bien raison de te dire avant de partir qu’il valait mieux être mort que d’être blessé, au moins blessé comme moi.
(…) Je t’assure que c’est triste dans ma chambre, nous sommes vingt neuf, personne ne peut se bouger, des jambes cassées et des bras ou de fortes blessures et presque tous des réservistes comme moi.
Je te dirai que je passe des mauvaises nuits, si l’on m’avait évacué jusqu’à Agen, tu serais bien venue me soigner et je serais content d’être auprès de toi. (…) Enfin, ma chère Sylvanie, je te dis tout maintenant, je n’ai pas voulu te le dire à la première lettre pour ne pas te vexer, mais je vois que je suis obligé de t’aviser de ma situation.
Ne te fais pas de mauvais sang, je ne m’en fais pas parce que je ne suis pas seul, vis en espoir et si jamais je reviens, je verrai mon fils grandir et moi on me fera bien une pension.
Je crois que je la gagne, quand bien même que je ne pourrais pas trop travailler, ça nous aiderait pour vivre.
On ne serait pas encore trop malheureux et Gaston commencerait de travailler. Il y en a bien qui n’ont qu’une jambe et qui travaillent.
Il faut espérer que tout ce que je dis là arrive. Prie Dieu pour moi, qu’il me délivre de la souffrance. Je t’embrasse bien fort sur chaque joue avec Gaston le petit chéri.
Ton cher ami
Léon Hugon a été blessé le 9 septembre 1914 par un éclat d’obus pendant la première bataille de la Marne. Il fût envoyé à l’hôpital de Tulle où il mourut du tétanos le 22 septembre 1914.
Commémorer, c’est ne pas oublier ceux qui ont permis que nous ayons un avenir.
Commémorer, c’est avoir conscience que la parole d’aujourd’hui est possible parce que certains se sont battus jusqu’à la mort pour nous y autoriser.
Lazare Ponticelli, dernier poilu, mort en 2008, assistait aux commémorations du 11 novembre dans sa commune du Kremlin-Bicêtre. À des collégiens qui l’interrogeaient, il confiait : « Je continue à témoigner et à participer aux cérémonies du 11 novembre car je me suis promis de respecter jusqu’au bout le serment que nous nous faisions avant de monter à l’assaut : “Si je meurs, tu penseras à moi !”».
A l’heure où l’immédiateté et la multiplicité de la parole, y compris de la parole publique, en atténue la force, je veux vous dire que le respect de cette parole donnée de LP doit nous renvoyer à l’utilisation de notre propre parole en toutes circonstances. Notre parole doit etre empreinte de responsabilité, de dignité, d’humanité et de réflexion, eu égard à ceux qui, par leurs actions dans le passé nous permettent de nous exprimer librement à Vertou et en France.
Commémorer le 11 novembre c’est ne pas oublier que la guerre fut une expérience terrible : chaque jour, 1 millier de soldats de chaque camp sont tués. Les poilus sont soumis aux aléas climatiques, ils vivent dans la boue, entourés de cadavres. La mise au point d’armes nouvelles – chars d’assaut, lance-flammes… – et l’utilisation des gaz transforment le front en un véritable enfer. Les soldats peuvent difficilement rapporter leur expérience à leurs proches restés à l’arrière : ils hésitent à raconter leurs souffrances à leur famille. De plus, leur courrier est soumis à la censure.
La guerre a fait, en France que la plupart des familles sont touchées par la mort d’un proche : l’ensemble de la société française est en deuil.
Comme vous le savez, depuis 2011, le 11 novembre est aussi un hommage à tous les morts pour la France. Nos soldats auxquels je veux rendre hommage combattent encore aujourd’hui au péril de leur vie dans les opérations extérieures sur tous les continents.
Le 11 novembre, est aussi l’occasion d’un moment de réflexion avec les jeunes générations.
Au-delà du nécessaire devoir de mémoire, il nous faut œuvrer collectivement pour la paix. Aujourd’hui, l’Europe est en paix, mais elle doit affronter d’autres tourments : la crise économique et le terrorisme mondial.
La paix entre tous les peuples d’Europe et la mise en place d’une union économique doit passer par une union politique avec des valeurs communes démocratiques, où la liberté des peuples doit être préservée.
Devant la barbarie et les conflits, notre idéal de paix doit nous aider à ne pas être passif et à réagir pour rétablir cette paix tant recherchée dans les opérations extérieures.
La dictature de l’émotion face à l’actualité n’est jamais une bonne chose, nous devons prendre du recul, parfois être patient et agir quand les circonstances mettent en danger la paix fondée sur notre idéal démocratique.
Des poilus de la Grande Guerre aux soldats français, européens et à ceux de l’OTAN aujourd’hui, l’acte de mémoire que nous accomplissons est plein d’un unique dessein de rassemblement, de démocratie et de liberté.
Je finirai par rappeler que c’est le 11 novembre 1919 qu’a été instaurée la minute de silence à laquelle nous allons procéder tout à l’heure. Ce moment de recueillement est devenu universel, chacun se recueillant dans l’intimité de ses convictions.
Le silence, c’est aussi le respect de ceux qui se taisent à jamais.