Même si le gouvernement n’a pas encore pris de véritables décisions, les premiers jours du quinquennat montrent que la campagne électorale a servi à quelque chose. Un grand nombre de débats ont été ouverts. Des engagements ont été pris. Ces débats trouvent déjà un prolongement dans l’action comme par exemple les réunions de ce jour sur l’environnement à l’Elysée. Certains ministres ont déjà annoncé la mise en oeuvre de mesures qui viennent d’être validées par le suffrage universel. Et je ne parle pas de la composition du gouvernement avec le nombre de ministres anooncés et la parité respectée. Cela tient au respect par ceux qui sont élus des engagements pris mais aussi par le contexte politique du scrutin présidentiel des 22 avril et 7 mai.
Ce scrutin a été marqué par une forte participation. Celle-ci contribue à légitimer de manière incontestable l’élection tout autant que le score net de Nicolas SARKOZY.
Il y a aussi le prise de conscience collective que les choses devaient changer, que des dossiers devaient être pris à bras-le-corps. On le doit certes au volontarisme des hommes politiques, de leur capacité à expliquer les grands enjeux, de leur aptitude à convaincre de la gravité de certaines questions et l’urgence à les résoudre.
Mais il est aussi très important que l’opinion soit sur la même longueur d’onde et donc prête aux changements inévitables. C’est le cas aujourd’hui et on l’a vu au premier tour de l’élection avec le recul de l’abstention et des votes extrêmes ou trop catégoriels.
Ce qui est intéressant est de constater que cette volonté d’avancer est partagée par presque tous même si les modalités du changement restent encore différentesselon les secteurs de l’opinion.
On avait déjà constaté ce phénomène sur des dossiers ponctuels comme la sécurité routière ou le tabac au travail. Nombreux étaient ceux qui annonçaient le rejet par la population de mesures restrictives.
On le voit sur les progrès faits partout en matière de prise en compte des objectifs du développement durable dans l’action publique à tous les niveaux.
L’alchimie qui permet à l’opinion, c’est à dire à chacun de nous, d’accepter des réformes même lorsqu’elles viennent « perturber » des habitudes ou des avantages acquis, est subtile.
La pédagogie et la communication sont des ingrédients necéssaires mais non suffisants. Il faut aussi un véritable travail de fond. Puis ce petit plus qui fait que « la mayonnaise » prend!
Je prends souvent en exemple nos comportements en matière de sécurité routière (beaucoup évoqué dans vos commentaires) en citant les propos que m’avaient tenus un préfet. Celui-ci situait le renversement de la tendance des automobilistes au jour où dans la voiture familiale les enfants ont cessé de dire : »Vas-y papa, double-le! » pour dire « Papa, mets ta ceinture! »
On imagine le travail de persuasion, de véritable psychologie collective qui a été necéssaire pour arriver à ce changement même si le travail est loin d’être terminé.
C’est aussi tout l’honneur de l’action politique que d’y contribuer.
Je crois qu’en réalité la population de ce pays n’a jamais été hostile au changement, où que ce soit et quoi que cela concerne.
A mon sens les deux obstacles principaux sont les suivants :
Premièrement une action syndicale sans légitimité, voire abusive. De nombreux salariés du secteur public comme du secteur privé sont souvent abusés par un discours absolument creux d’organisations syndicales, voire de certaines organisations professionnelles, qui font croire qu’elles défendent les intérêts d’une profession parce qu’elles s’opposent systématiquement à tout ou presque.
Deuxièmement, une action précipitée, mal préparée. Il est bien évident que nul ne peut adhérer au changement si on n’explique pas pourquoi il est nécessaire, et expliquer ce n’est pas asséner.
Expliquer c’est aussi dire que tout ne sera pas pour autant parfait : on nous a trop souvent présenté des réformettes comme des solutions définitives et miraculeuses. Personne n’y croit, à commencer par le ministre, pourquoi veut-on que cela fonctionne ?
Il faut aussi prendre son temps, accompagner le changement par des mesures spécifiques lorsque c’est possible, de manière à atténuer les effets négatifs immédiats.
Bref, pas de changement possible si on ne nous respecte pas. Ca, ce n’est pas de la politique (encore que), c’est du bon sens.
Je ne pense pas que les syndicats soit des obstacles aux réformes. Je rappelle qu’ils ont été avec certain gouvernements des acteurs des réformes sociales.
Manu, je pense comme vous que les partenaires sociaux sont indispensables et que leur présence au côté des politiques doit être plus prégnante pour engager les réformes dont a besoin notre pays, c’est d’ailleurs tout le sens de la démarche souhaitée par le nouveau président de la République. Toutefois, je regrette leur obstination trop fréquente à s’opposer au changement et à considérer que toute idée qui ne sort pas de leurs rangs est forcément suspecte. Les syndicats en France se sont progressivement discrédités aux yeux de l’opinion en adoptant une posture systématique d’opposition… leur minuscule niveau de représentation des salariés en est la meilleure preuve.