A chaque nouvelle échéance présidentielle, la question du financement de notre système de santé revient comme un vieux serpent de mer et se heurte aux limites philosophiques et humanistes d’un éventuel rationnement des moyens. Les dépenses de santé qui ne cessent d’augmenter (3.8 % du PIB en 1960 – 11.1 % du PIB en 2005) atteignent aujourd’hui l’équivalent de 190 milliards d’euros et ne sont financées par les cotisations qu’à hauteur de 75 %, d’où l’accentuation progressive des déficits. Faut-il pour autant chercher à « faire des économies » sur ce secteur ?
Certes, il faut rationaliser les moyens, agir sur la prévention et éviter les gaspillages. Mais nos concitoyens sont trop attachés à la notre système de santé pour accepter une réduction des prestations et surtout un amoindrissement de la qualité des soins. Après tout, il ne faut regretter d’avoir le meilleur système du monde.
Il est bon de rappeler que le secteur de la santé crée de la richesse pour notre pays, avec une valeur ajoutée nettement supérieure à celle des autres secteurs de l’économie. La santé fait vivre en France plus de 2 millions de personnes, soit 9 % de la population active occupée, et crée chaque année quelques 300 000 nouveaux emplois, soit cinq fois plus que dans les autres branches.
Il y a donc fort à parier que la croissance et les emplois directs et indirects ainsi créés finissent par éponger une partie non négligeable de ce déficit qui, chacun en convient, mérite une approche plus humaine que comptable.
Avec le vieillissement de la population, l’accès plus facile aux soins et la hausse des coûts des médicaments, nos dépenses de santé ne cessent évidemment d’augmenter. Selon vous, quelles solutions doit-on adopter pour limiter la facture ?
Il me semble qu’on ne pourra pas éviter une augmentation constante des dépenses de santé. Même si le pays se retoruvait en situation de plein emploi.
Les besoins et les demandes de financement vont aller croissant, en raison du vieilissement de la population et des progrès de la recherche et des traitements.
Il faut rechercher non pas les économies, c’est un secteur où, me semble-t-il, économiser n’a pas de sens, mais une rationalisation, une efficience au moins, sinon une efficacité.
Un exemple parmi d’autres : le prix de certains médicaments facturés à un hôpital local est moins élevé que le coût du transport. Il y a toute une gestion à revoir, avec des conséquences sur l’offre de soins… proximité n’est pas forcément qualité. Y tient-on vraiment d’ailleurs ?
On ne devrait plus trouver en dehors de grands centre hospitaliers, que certains établissements très spécialisés et les maisons de retraite, et leur gestion pourrait dépendre directement de ces centres.
Mais toute cela a des limites, et vraissemblablement on s’oriente vers une augmentation inéluctable des frais médicaux et hospitaliers.