A droite comme à gauche, les candidats à la présidentielle dressent, de façon à justifier leurs propositions, un tableau pour le moins pessimiste sur la capacité de la société française à permettre aux plus méritants d’accéder à un statut supérieur. Mettant en avant les mêmes exemples significatifs, celui du premier emploi parfois sous-qualifié du jeune diplômé de l’enseignement supérieur, le possible déclassement de cadres quinquagénaires ou la difficile mobilité sociale au sein de professions dites féminisées, ces derniers oublient de décrire une autre réalité plus optimiste qu’une récente étude de l’INSEE vient de mettre en avant.
Comparant la situation du marché de l’emploi d’aujourd’hui à celle d’il y a vingt ans, l’Insee nous apprend que 25 % des ouvriers non-qualifiés ont pris du galon au cours des cinq dernières années (soit 2 fois plus qu’il y a 20 ans), qu’un tiers des jeunes salariés bénéficient d’une mobilité ascendante dans l’entreprise dès leurs premières années de travail (contre 17 % hier) et que de façon globale, la mobilité sociale ascendante est plus fréquente que dans les années 80 dans toutes les catégories professionnelles.
Il me semble que le regard communément porté sur l’entreprise, qui garantissait hier une certaine stabilité et promet aujourd’hui le meilleur comme le pire, accentue cette déformation de jugement. Quel est votre avis ?
Assez d’accord avec cette analyse. Je suis pour ma part très séduit par l’initiative de l’actuel directeur de la célèbre école Sciens Po Paris, lequel ouvre largement ses portes aux jeunes de milieux défavorisés méritants, se donnant même les moyens de les aider et de les aiguiller en amont. Le tempérament de cet énarque (et oui il ne faut pas tous les jeter !) fait qu’il parvient à bouger les lignes et à ouvrir les portes de l’ascenseur à ceux qui n’étaient censés y monter. Chapeau Monsieur Descoings.